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 La Flûte de Verre Froid

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Paris

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MessageSujet: La Flûte de Verre Froid   La Flûte de Verre Froid Icon_minitime1Lun 16 Avr - 15:33


Chapitre I :Sous le signe du serpent
La geôle était inconfortable. La position aussi.

Babine était enchaînée au sol par les poignets, ce qui l'obligeait à demeurer assise ou couchée, et ses courtes entraves ne lui laissaient guère d'aisance.

Sa prison était étroite, froide en dépit de la chaleur qui devait régner à l'extérieur, et les énormes murs de pierre étouffaient tous les sons. Au ras du plafond, une meurtrière en fente mince laissait filtrer un soupçon de clarté. N'empêche que ce trou pourri était presque aussi sombre qu'un cul de chaudron.

Babine était assise, jambes croisées, ses mains alourdies par les fers reposant sur ses cuisses. Elle ruminait de sombres pensées. Ses yeux bleus, ordinairement d'une transparente innocence, limpides comme une eau lagunaire, commençaient à luire d'une lumière féroce. Lorsque ces fanaux s'allumaient ainsi, il convenait de se garer au plus vite, avant le déchaînement du cyclone.

Elle ignorait où elle se trouvait, ayant été amenée inconsciente dans son cachot. Elle le supposait situé quelque part dans le Donjon-aux-Trois-Coins, qui servait de prison à la ville de Messantia.

Babine se voyait très mal partie. Promise à la pendaison, ou à quelque autre méthode d’exécution en usage dans la région. Désagréable, de toute façon.

Dès son réveil, et sans même tâter la bosse monstrueuse qui palpitait sur son crâne, Babine avait essayé de rompre ses chaînes. Elle n'était arrivée à aucun résultat. Les maillons étaient solides, sans nulle traces d'usure, et les menottes résistantes. Avant de l'enfermer, on l'avait dépouillée de son ceinturon et de ses armes, et même de ses bottes et de tout ce qui pouvait représenter de la valeur. Elle ne disposait de rien qui aurait pu lui permettre de forcer les serrures.

Babine se pencha pour attraper la cruche. Elle but deux gorgées, et la reposa. Plus guère d'eau. Et, depuis deux jours, elle n'avait rien avalé d'autre qu'un quignon de méchant pain noir. Elle serra les mâchoires, et les flammes bleues flambèrent plus haut dans ses yeux.

Quelle sale période de malchance !

Elle avait débuté un mois plus tôt, alors qu'elle rentrait dans l'auberge où elle y avait fait ses quartiers quand elle venait à Tarantia. Alors qu'elle allait entrer elle avait reçu un énorme coup sur la tête et s'était réveillée dans sa chambre aux côtés du cadavre d'une serveuse. Au moment où elle réalisait qu'une arme ensanglantée avait été placée dans sa main, une autre employée de la maison la découvrit et hurla d'horreur.

Babine savait bien qu'avec ses vêtements poissés de sang et l'arme du crime à la main, toutes les apparences jouaient en sa défaveur. Elle ne put que se résoudre à prendre la fuite, poursuivie de près par la soldatesque de la ville. Ayant été facilement identifiée, Babine n'eut d'autre recours que de quitter le pays, le temps que l'affaire se tasse.

Elle se rendit au Sud, et parvint en Argos. Le soir tombait lorsqu'elle était entrée dans la ville de Messantia, capitale de ce royaume, fourbue, affamée et assoiffée, et la première taverne de rencontre lui avait paru propice à un réconfortant repas.

Elle eut une pensée pour Yaana, qu'elle n'avait pas eu - et pour cause - le temps de prévenir et qui devait s'inquiéter pour son amie. Dès qu'elle pourrait, elle lui enverrait un message. Elle se demanda aussi ce que pourraient faire pour elle ses amis de la Legio Auxilia, lorsqu'ils seraient avisés de la situation. Bah, elle verrait plus tard.

Babine commençait seulement à se détendre, la panse remplie et le gosier convenablement arrosé lorsqu'était entré dans la salle un jeune homme de mine arrogante, luxueusement vêtu, et entouré de cinq ou six gardes. Babine lui avait à peine jeté un coup d’œil, juste le temps de lui trouver un regard faux et déplaisant, avant de retourner à sa cruche, qui contenait encore un peu de vin.

L'instant d'après, l'aubergiste, sur un ton des plus insolents, la priait de laisser sa table au Seigneur Mercutio Abasantis, fils du Duc Cecrops Abasantis, qui dirigeait la Maison Marchande Abasantis, qui désirait se restaurer. Le fait que la salle fut comble ne justifiait pas, de l'avis de Babine, un procédé aussi discourtois, et elle avait indiqué à l'homme, avec un doigt levé, l'usage incongru que lui et le fils du Duc pouvaient faire de leur anus. Si le tavernier, cramoisi de fureur, avait mal pris la réponse, le jeune Mercutio l'avait prise bien plus mal encore, et ordonné à ses gardes d'apprendre la politesse à cette paysanne.

Une bagarre se déclencha, très animée, au cours de laquelle Babine expédia trois soldats mais lorsqu'elle se rapprocha de la porte, un inconnu l'assomma par derrière. Décidément, cela devenait une habitude ! Son crâne en restait si douloureux qu'elle pensait qu'il allait éclater telle une coquille d’œuf.

Elle s'était réveillée dans la geôle, et pour le moment, n'aurait pas parié cher sur ses chances d'avenir. Elle enrageait.


Dernière édition par Paris le Mar 19 Juin - 21:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La Flûte de Verre Froid   La Flûte de Verre Froid Icon_minitime1Mer 18 Avr - 18:50

Une fois de plus, Babine s'agenouilla, empoigna ses chaînes, et, le torse rejeté en arrière, exerça une formidable traction. Son visage s'empourpra, des veines battirent à ses tempes, et ses lèvres découvrirent ses dents. En pure perte. Elle se laissa retomber, haletante et trempée de sueur, et jura vigoureusement. Crom emporte ce Mercutio, et le torture jusqu'à la fin des temps. Oui ! S'il s'agissait de géhenne, Babine y passerait sans aucun doute bien avant le jeune Duc. Dans la bataille, elle avait tué trois soldats, et ne doutait guère du châtiment qui l'attendait.

Le peu de jour passant par la meurtrière baissait, assombrissant encore la geôle. D'ici peu, il ferait noir. Babine s'allongea, cherchant une position relativement confortable compte tenu de ses fers et des aspérités du sol. Autant dormir. En rêve, elle ferait peut-être le repas que son estomac grondant réclamait.

Elle s'assoupit, puis plongea dans un très profond sommeil. Elle rêva, en effet, mais pas de nourriture. Elle voyait une femme, très belle, jeune, avec de longs yeux jaunes, une peau dorée, et des cheveux rouges vif. Des striures rituelles étaient peintes sur son beau visage. Elle ne portait qu'un pagne en peau de crocodile, et la beauté éclatante de son corps parfait n'en était que plus provocante, avec ses jambes fuselées, son ventre plat et souple et l'arrogance de ses seins parfaits aux pointes brunes. Ses yeux en amande étaient calmes, légèrement amusés, peut-être. Un collier d'or enserrait son cou. Il représentait un serpent, minutieusement travaillé, avec des yeux d'émeraude. Chacune des écailles menues avaient été parfaitement ciselée, et les deux petites pierres vertes semblaient luire d'une lueur maligne. La femme sourit, découvrant légèrement des dents éclatantes.

Dans son rêve, Babine put enfin mettre un nom sur ce visage qui lui paraissait si familier : "Bathshebah !" souffla-t-elle.
- Je suis venue pour te faire un présent, Babine.
La femme détacha le serpent d'or, et se pencha pour le lui passer au cou. Babine entendit clairement le petit déclic qui fermait le collier, et s'éveilla. Ce n'était pas un rêve, au nom de Crom ! Ses doigts tâtaient un objet froid, qu'elle tenta vainement d'arracher.

Elle s'agenouilla, les yeux écarquillés, le cœur battant, tirant toujours sur le collier. La petite tête du serpent et les arêtes des émeraudes s'incrustaient dans sa paume. La geôle était totalement noire, et elle ne voyait rien, mais elle était seule dans la pièce, elle le savait. Si un autre être humain s'était trouvé ici, elle l'aurait senti.

Babine était en alerte, prête à se battre, mais une peur froide se glissait dans ses os. Elle croyait deviner une sournoise manœuvre de sorcellerie, et elle haïssait les sorciers, du moins la plupart, encore plus cette garce de Bathshebah. Babine la croyait morte, gelée, quand un démon était revenu chercher l'artefact que Babine avait volé pour le compte de la sorcière*. Comment celle-ci s'en était tirée, cela dépassait le seuil de compréhension de la guerrière.

Babine, qui tirait toujours sur le collier, à s'en déchirer le cou, aurait vendu sa main droite pour une torche. Elle rugit :
- Montre-toi, démon !

* Voir La Galère d'Or
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MessageSujet: Re: La Flûte de Verre Froid   La Flûte de Verre Froid Icon_minitime1Jeu 19 Avr - 11:29

Comme en réponse à son injonction, une clarté diffuse naquit, tremblotante, vacillante, palpitante d'étincelles dorées. Elle était toute proche, et Babine recula malgré elle, jusqu'à ce que ses chaînes l'arrêtent. La lueur pulsait, se gonflait, dessinant vaguement les contours d'un corps lumineux. Elle se précisa, révélant peu à peu de jolis pieds cambrés, des jambes fuselées, de longs bras souples, un torse nu aux seins renflés, puis un visage aux beaux yeux jaunes, et un flot de cheveux rouges. Suffoquée, Babine reconnut, toute auréolée d'une clarté dorée, la sorcière de Koth. Celle-ci souriait avec ironie.
- Aurais-tu peur de moi, Babine ? La voix était claire, musicale et moqueuse.

Babine gronda :
- Je ne te crains pas. Ni toi, ni personne.

Mais elle mentait un petit peu. Elle ne s'effrayait pas facilement, certes, mais la magie est inquiétante, en raison des sombres maléfices qui en découlent. Et cette garce brune de Bathshebah était une sorcière de la pire espèce. Toutefois, l'idée que quelqu'un put mettre son courage en doute était si insultante que la rage l'emportait à présent de très loin sur l'anxiété.

Elle s'allongea brusquement, d'une détente sauvage, tendant le bras pour attraper la femme par la jambe, et la faire basculer. Sa main passa au travers d'une cheville lumineuse, et se referma sur le vide.

La sorcière rit, égrenant des notes de clochette d'argent.
- Tu ne peux pas me saisir. Ce que tu vois n'est qu'une projection de mon corps, immatérielle comme la pensée. Mais calme ta colère. Je veux que nous soyons amies, ironisa-t-elle, et je suis venue pour te libérer.

Le cœur de Babine fit un bond, mais nulle émotion ne transparut sur son visage. Elle tripotait toujours le collier fermé à son cou. La tête du serpent semblait soudée à la queue. Elle surveillait la sorcière, ses yeux bleus incisifs et méfiants.
- Me libérer ? En échange de quoi ? Tu as déjà tenté une fois de me duper. Et quel est ce collier, que je ne peux pas retirer ?
- Un petit cadeau. Pour que tu penses à moi lorsque tu seras loin. Et j'ai un service à te demander, en effet. Mais nous parlerons de cela plus tard. Je vais t'envoyer un démon qui brisera tes chaînes, ainsi que la serrure de cette porte. Les gardes dormiront, et tu sortiras facilement. Viens me voir demain soir, à La Table du Roi.

Babine ouvrait la bouche pour une question quand la clarté s'éteignit, comme une chandelle mouchée. Elle se retrouva seule dans le noir, stupéfiée, et passablement incrédule. Qu'est-ce que c'était que cette histoire ?

Soudain elle se figea et recula à nouveau car une forme vague prenait forme dans un coin de sa cellule. Comme s'il sortait de terre, un démon se matérialisa dans la pièce sombre. Babine devina des ailes membraneuses, des dents pointues, un corps vaguement humain et des yeux rouges qui, eux, ne l'étaient pas.

Avec un grognement bestial, l'être démoniaque s'approcha de Babine, qui le regardait avec des yeux écarquillés, une sueur froide perlant à son front, et saisit les menottes de la prisonnière. D'une formidable traction de ses muscles puissants, le démon brisa les fers, tordant le métal comme d'un simple tissu. Babine, aussitôt libre, recula le plus loin possible du monstre et se raidit en sentant le contact froid du mur de pierre dans son dos.

Elle entendit plus qu'elle ne vit le démon se déplacer dans la pièce, délaissant les menottes qui tombèrent au sol en un tintement métallique, puis un choc suivi fort craquement retentit du côté de la porte. Un gloussement inhumain, puis plus rien... le silence.

Lentement Babine se redressa, retrouvant peu à peu son aplomb. Ainsi, Bathshebah n'avait pas menti. Un service à rendre en échange de sa liberté, avait-elle dit. Quel service ? Et ce collier, qu'elle ne pouvait retirer ?

Babine ne s'interrogea pas plus longtemps. Comme tous les Cimmériens, elle vivait dans l'heure présente. Pour le moment, sortir de là. On verrait la suite plus tard.

Elle se dirigea à tâtons vers la porte, glissa ses doigts le long du chambranle, et tira d'une sèche secousse. Le battant s'ouvrit docilement. Ses yeux tentèrent vainement de percer les épaisses ténèbres. Elle suivit longuement un mur, en s'y appuyant de la main, et découvrit des marches qu'elle descendit avec prudence, tâtant leurs arêtes du pied, et se guidant de nouveau sur la muraille. L'escalier tournait et retournait, inlassablement. Elle dépassa deux paliers, arriva sur un troisième, et longea un nouveau couloir, attirée par une vague lueur à son extrémité.

Elle n'était guère étonnée par les dimensions colossales de la prison, ni par les bas-reliefs qui ornaient les murs de marbre, car ce donjon fut autrefois le siège de la Cour Argosséenne et était le Palais du Roi, avant la construction du Dôme de la Mer. La crypte royale d'Argos s'y trouvait auparavant et les corps des rois défunts furent déplacés vers le Dôme de la Mer.

Babine entra dans la salle de garde. Les hommes dormaient, en effet, d'un sommeil épais comme la mort. Elle se garda bien, malgré sa soif énorme, de toucher au pichet d'eau et aux gobelets qui étaient posés sur la table. Deux des gardes affalés sur leurs tabourets tenaient encore dans leurs mains des gobelets de cuir. Babine prit son temps pour choisir des bottes à peu près à sa pointure, et un ceinturon avec une épée. Elle fouilla des poches, et récolta pour sa peine une poignée de piécettes. De quoi s'offrir un repas et un lit, en attendant mieux.

Elle décrocha d'un râtelier une lourde arbalète et passa un carquois à son épaule.

Quelques minutes plus tard, Babine sortit dans la nuit tiède de Messantia. Un fourmillement d'étoiles allumait le ciel, et la lune à son premier quartier brillait sur les toits. La rue était déserte, très paisible. Une forte odeur de jasmin venait d'un jardin voisin. Babine s'éloigna, sans aucune hâte. Elle ne serait pas poursuivie. Sa préoccupation du moment : trouver si possible un quartier encore animé, et de quoi manger.
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MessageSujet: Re: La Flûte de Verre Froid   La Flûte de Verre Froid Icon_minitime1Lun 23 Avr - 17:24

La Table du Roi était bien connue à travers Messantia. Durant son règne, le roi Oderigo, grand-père du grand-père du roi Milo, avait pris l'habitude, une fois par mois, de venir manger en cette auberge un plat de sanglier. La table à laquelle il s'asseyait est devenu la fierté de l'établissement, mais à cause de son âge vénérable, était en train d'être restaurée à grands frais de la propriétaire actuelle des lieux, Vettoria Navilius.

La masse imposante et énorme de la grande arêne dominait l'auberge et Babine fut impressionnée une fois de plus par cette ville portuaire.

Elle allait au rendez-vous fixé par la sorcière pour plusieurs raisons, dont la première était une dévorante curiosité. Pourquoi l'avait-elle libérée ? Le moins que l'on puisse dire était que Bathshebah et elle ne s'étaient guère quitté sous les meilleures auspices. Quel service la Kothienne entendait-elle de Babine ? Celle-ci était peu encline à travailler pour la sorcière, surtout que celle-ci ne s'était pas montrée loyale à leur accord passé.

Le mystère le plus inquiétant était ce collier, rivé à son cou. Dans un miroir prêté par une fille d'auberge, Babine avait examiné l'étrange objet. Il semblait avoir été soudé, la tête sur la queue, et donnait une déplaisante impression de vie, en dépit de son immobilité figée dans le métal. Babine l'avait longuement tripoté, sans jamais découvrir le moyen de l'enlever. Elle se proposait de le limer, mais attendrait pour le faire d'en avoir appris un peu plus long sur le sujet.

Sa deuxième importante raison de rendre visite à cette garce rousse, était ses poches désespérément vides. Les quelques piécettes prises aux soldats lui avaient payé un repas et une chambre, mais il ne lui en restait plus une seule.

Babine avait pensé un moment ne pas aller au rendez-vous. Une fois limé, le collier pourrait être vendu. Il devenait urgent pour elle de quitter Messantia, où elle risquait fort d'être recherchée. Mais, si depuis son départ de Cimmérie, elle avait fait bien des entorses au rigide code de l'honneur en usage chez les barbares, il lui en restait tout de même quelques traces. Sorcière ou pas, ennemie ou non, Babine avait une dette envers cette femme.

Elle demanda Bathshebah au tenancier derrière le vaste comptoir. Il semblait l'attendre. En conduisant la guerrière à l'étage, il expliqua que la femme rousse l'avait grassement payé pour guider toute guerrière blonde qui se présentait et la demanderait, jusqu'à ses appartements.

Babine examina les lieux, une fois son guide reparti, la laissant seule. Des murs drapés de soieries, un plafond orné de fresques, un sol de mosaïque recouvert d'épais tapis, des meubles marquetés. Des lampes à huile se balançaient, pendues au bout de chaînettes d'argent. Babine siffla devant le luxe que s'offrait la sorcière.

Elle s'assit sur un divan, et se cala sur les coussins. Découvrant à sa portée, posé sur une table basse, un plateau de nourriture tentante, elle s'empara d'une volaille rôtie, et referma ses mâchoires sur la viande avec l'avidité d'une louve. Peu lui importait de savoir pour qui ce repas avait été préparé. La formaliste politesse ne lui embarrassait pas l'âme. Elle avait faim, elle mangeait.

Elle nettoya le plateau de son contenu, vida la cruche de vin, et soupira d'aise. La pièce était toujours aussi déserte qu'à son arrivée, et elle s'en agaça. Est-ce que cette garce avait l'intention de la faire attendre toute la nuit ? Elle se leva prestement et alla jusqu'à l'autre porte, à l'autre bout de la vaste pièce.

Fermée à clé.

Bon ! Après tout, quelle importance ? Elle n'avait rien d'urgent à faire, pour le moment. elle retourna sur le divan, et s'y allongea. Le divan était très confortable. Un coussin sous la tête, ses bottes sur un autre, elle s'endormit très paisiblement.

Un faible cliquetis et la porte s'ouvrit sans bruit. Une main la repoussa, et Bathshebah apparut.
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MessageSujet: Re: La Flûte de Verre Froid   La Flûte de Verre Froid Icon_minitime1Mar 24 Avr - 16:00

Elle traversa la pièce sur ses pieds nus, sans faire plus de bruit qu'une ombre, pour s'arrêter devant le divan. Elle détailla longuement sa visiteuse endormie, une lueur de satisfaction dans le regard. Une femme encore jeune, de grande taille, et bâtie tout en souplesse. Un pantalon de cuir moulait ses longues jambes et sa poitrine ferme et pleine se soulevait et s'abaissait, au rythme d'une respiration calme. Sous la mousse de ses cheveux blonds, son visage était ravissant. Les paupières se levèrent, et Bathshebah rencontra un regard azur alerte, nullement embrouillé de sommeil, et fort peu amène.
- Est-ce que tu pensais me surprendre ?
- Non. Je te regardais. Je crois que tu conviendras très bien pour la tâche que je vais te confier.

Babine fit basculer ses longues jambes, et s'assit.
- Quelle tâche ? Tu as déjà essayé de me rouler, tu te souviens ?
- Oublions le passé. La tâche dont je veux te parler est bien plus difficile, mais sera payée en conséquence.
- Payée ? Tu n'avais guère l'intention de me payer quand je t'ai remis l'hélice de Nirvalla.
- Tu le seras cette fois. Crois-tu que je commettrai deux fois la même erreur ?

Babine scrutait la sorcière, les yeux rétrécis. En dépit de sa beauté, du corps tentant dévoilé sous ses yeux, du visage au beau modelé, aux yeux légèrement oblique frangés de longs cils, elle n'aimait pas cette femme. Jeune d'apparence, et très appétissante, mais les yeux jaunes semblaient par moment recéler dans leur profondeur l'expérience d'un millier d'années.
- Bon, explique-toi un peu, dit-elle d'une voix sèche, je n'aime pas les mystères.

Sans répondre, Bathshebah traversa la pièce, ouvrit un coffre pour en tirer une cruche et deux coupes, et les rapporta pour les poser sur la table basse. Elle tira un siège, et s'assit en face de Babine.
- Partageons ce vin, dit-elle, et je vais tout te raconter.

Babine goûta le vin clair, curieusement frais, qui contenait du soleil dans sa saveur mordante.
- Je t'écoute.
- J'avais besoin de quelqu'un pour accomplir un dur travail. J'ai prié les noirs démons de l'Extérieur, selon les rites, et c'est toi qui m'est apparue dans le miroir de vision. Comme tu avais déjà réussi la mission que je t'avais confiée précédemment, j'ai pensé que tu pourrais réussir celle-ci. La conjonction est favorable.

Babine n'était guère enthousiaste. Elle allongea un bras fin pour saisir sa coupe, but, et dit :
- Explique-moi tout ça un peu plus clairement. Tu tournes autour du sujet, sans rien exprimer de concret. Viens-en donc à l'essentiel, une bonne fois. Que veux-tu exactement de moi ?
- Je veux que tu ailles me chercher un objet, et que tu me le rapportes.

Babine ricana. "Ca devient une manie, chez toi. De quel objet s'agit-il cette fois ?"
- C'est une flûte. Une flûte de verre bleu. Prends bien garde de ne pas la saisir à mains nues. Elle est si froide qu'elle te brûlerait autant qu'un charbon ardent. Laisse-la dans son écrin, et n'y touche pas. Prends bien garde aussi de ne pas essayer d'en jouer. Outre qu'elle te brûlerait les lèvres, tu pourrais faire surgir quelque chose que tu ne voudrais pas rencontrer. JE connais les rites qui permettent d'utiliser la flûte sans risque.
- Mais que veux-tu en faire ?
- Ceci est mon affaire, et non la tienne. Contente-toi de me rapporter la flûte, et nous serons quittes.

Babine fut soudain traversée d'une idée qui lui causa un élancement de rage.
- Quittes de quoi ? demanda-t-elle avec hargne. Tu dis que tu m'as vue dans ton damné miroir, et que tu m'as choisie pour cette tâche. N'aurais-tu pas manigancé un de tes sales tours pour m'avoir à ta merci ?

Bathshebah souriait, une lueur d'ironie au fond des yeux. elle jouait avec sa coupe, passant et repassant un doigt sur le bord. Elle la posa avec une certaine brusquerie.
- Pour une brute de Cimmérienne, tu n'es pas sotte. C'est moi, en effet, qui t'ai amenée ici. J'ai payé un assassin pour qu'il place un cadavre dans ta chambre, à Tarantia, pour que tu sois accusée du meurtre. Contrainte de fuir, tu ne pouvais que chercher de l'aide auprès de tes amis de la Legio Auxilia, qui t'auraient accueillie et protégée le temps que l'affaire se tasse. La Legio Auxilia étant en campagne en Stygie, tu devais passer par Messantia pour y embarquer. Mais je ne suis pas responsable de ta querelle avec Mercutio Abasantis. Elle m'a bien ennuyée, et l'enchantement réalisé pour te tirer de ta trappe m'a coûté de gros efforts. Sans moi, tu aurais terminé tes jours entre les mains du bourreau, et pas facilement. Ainsi, comme tu vois, tu me dois tout de même quelque chose.

Les yeux de Babine brûlaient de flammes bleues.
- Et sans toi, je serais encore à Tarantia, aussi à l'aise au palais du roi qu'un ver dans un fruit juteux. Je n'ai pas du tout l'impression de te devoir tant que ça, sauf peut-être quelques bonnes claques, pour avoir joué avec moi sans me demander mon avis.
- Ose me toucher, et je te le ferai regretter !

Ce genre de défi ne pouvait qu'être relevé, et Babine attrapa la sorcière par les poignets. Les yeux jaunes la regardèrent, sans aucune crainte. Elle murmura quelques mots que Babine ne put comprendre.

Instantanément, elle eut entre les mains non de minces poignets de femme, mais les pattes d'un monstrueux scorpion, dont la queue claquante s'agitait, dressant le croc à venin.

Elle sauta en arrière, avec un hoquet, mettant la main à son arme, mais elle ne l'avait qu'à demi sortie de sa gaine quand le scorpion disparut, pour laisser la place à Bathshebah, qui souriait moqueusement.

Son expression railleuse exaspéra la rage de Babine, qui gronda :
- Catin d'enfer !

Le meurtre était dans ses yeux. Mais elle réalisait très bien la futilité d'une seconde attaque, et elle ne tenait pas à la faire sourire de nouveau. L'effort exercé sur elle-même pour dompter sa fureur fit saillir ses mâchoires, et ferma ses poings.
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MessageSujet: Re: La Flûte de Verre Froid   La Flûte de Verre Froid Icon_minitime1Mar 29 Mai - 2:20

Bathshebah ne s'amusait plus. Durant un instant, en dépit des pouvoirs dont elle disposait, la sauvagerie exprimée par le visage en face du sien l'avait effrayée.

A nouveau la porte de la chambre s'ouvrit et une jeune femme inconnue de Babine en sortit, toute aussi dévêtue que Bathshebah, c'est-à-dire qu'elle ne portait qu'une longue jupe fendue noire et rouge, et de longues cuissardes rouges. Tout comme la sorcière elle était fort belle et son corps parfait aux seins orgueilleux ne révélait nul défaut. Babine eut du mal à déterminer l'origine de cette femme aux cheveux ondulés comme les siens bien que plus courts, mais déjà elle n'aimait pas son sourire sarcastique.

- Allons ! dit la nouvelle arrivante en un aquilonien teinté d'un accent que Babine reconnut pour être Stygien. Cessez de vous quereller et parlons plutôt de la récompense que nous te donnerons si tu nous ramènes la flûte de verre froid. Sans plus de manières, elle s'assit sur le divan et croisa les jambes. Cent pièces d'or te seraient-elles de quelque utilité ?

Cette proposition apaisa la colère de Babine mieux que n'importe quels mots n'auraient pu le faire. Elle était avant tout pratique, et sa bourse vide posait des problèmes. De plus, en toute justice, elle avait commencé à tant s'ennuyer à Tarantia qu'elle n'y serait certainement pas restée bien longtemps encore. Un peu d'aventure pourrait ne pas être déplaisant.

- Qui es-tu ? demanda-t-elle.
- Je m'appelle Tyhrannie. C'est à moi que tu dois ton évasion du Donjon-Aux-Trois-Coins. Il ne m'a pas été facile de localiser ta cellule, sache-le.
- Où se trouve cette flûte ?
- Au pays de Shem, répondit Bathshebah, dans la cité-état d'Eruk, au cœur du Temple d'Ishtar.

Babine siffla entre ses dents.
- Vous n'estimez pas ma peau bien chère. Ce sera cent pièces d'or de plus.

Elle avait entendu parler de cette ville. Ce serait de là que Natokh le sorcier aurait démarré sa conquête du monde*. La Reine d'Eruk, en refusant d'engager ses fidèles asshuris dans l'armée de Natokh, aurait déclenché la colère de celui-ci, qui aurait maudit la ville.

- Cinquante pièces, proposa Tyhrannie.
- Cent, dit Babine, fermement. Ou vous pourrez aller chercher votre flûte vous-mêmes.
- La peste sur toi ! répliqua Bathshebah avec colère. Vous autres, brutes Cimmériennes, êtes pires qu'un marchand shémite dès qu'il s'agit de marchander. Bien, cent de plus, mais ne t'avise pas d'en réclamer encore quand nous t'aurons avertie d'un autre danger possible.
- Quel danger ?
- Pour augmenter les chances de récupérer la flûte, nous avons déjà mis un mercenaire sur sa piste. La récompense ira à celui de vous deux qui nous ramènera l'objet, c'est aussi simple que cela. Aussi, il vaudra mieux que tu sois sur tes gardes car ce concurrent n'hésitera pas à t'éliminer à la première occasion.
- Comme il est parti avec un peu d'avance sur toi, nous avons pensé te faire présent du collier que tu portes à présent autour du cou. Je l'y ai rivé pour que tu ne puisses le perdre, ou te le faire voler.

Babine porta la main à son cou et passa le bout de ses doigts sur les écailles sculptées.
- A quoi me servira-t-il ?
Tyhrannie répondit d'un air sentencieux : "Les ombres deviendront matière, et la matière deviendra chair."
- Ainsi ma réussite est l'objet un pari entre vous deux, hein ? dit Babine avec un mauvais sourire. Vous aviez bien raison de croire qu'il vous faudrait ouvrir un peu plus grand votre bourse. Ce sera trois cent pièces d'or en tout, ou vous vous passerez de mes services.

Malgré la crainte diffuse que lui inspirait toute sorcellerie, Babine était assez tentée par l'aventure. Contrairement à ses pairs Cimmériens, Babine était habitée par le goût du risque, qui la poussait parfois à s'aventurer seule dans les sous-sols nauséabonds de Keshatta, appelés Chambres d'Onyx, pour y affronter les gigantesques squamiens qui y résidaient.

La nouvelle exigence de Babine avait arraché un cri d'agacement aux deux sorcières.
- Penses-tu que nous ayons un trésor royal à notre disposition ? Deux cent pièces, c'est déjà très bien payé. La soif d'or d'une Cimmérienne vaut celle de tous les marchands shémites réunis !
- C'est ma peau que je vais jouer, pas la vôtre. Vous me permettrez de la coter à ma guise. Trois cent pièces !

Elle était certaine qu'elles cèderaient. Elle pouvait sentir à quel point elles désiraient cette flûte. Dans quel but ? Qu'est-ce qui pouvait valoir autant d'or ? Bah ! Après tout, ce n'était pas son affaire.

* in Black Colossus, Robert E. Howard
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MessageSujet: Re: La Flûte de Verre Froid   La Flûte de Verre Froid Icon_minitime1Jeu 31 Mai - 0:47

Elles cédèrent, en effet, et Bathshebah siffla.
- Très bien. Tris cent pièces, ma louve de Cimmérie. Mais ne va pas t'imaginer que tu n'auras pas à les gagner !

Babine n'imaginait rien de tel. Elle avait une idée fort précise d'un certain nombre de dangers à croiser sur sa route, sans compter les autres, encore inconnus.

- Nous sommes donc d'accord
, dit Tyhrannie. Je vais te montrer Eruk et le Temple d'Ishtar. Attend un moment, je reviens.

Elle disparut dans la chambre, les laissant seules, Bathshebah et elle, quelques instants, durant lesquels les deux femmes se défièrent du regard. Elle fût bientôt de retour, ramenant un grand miroir d'argent poli, qu'elle posa sur les genoux de Babine.

C'était un miroir de forme ovale, cerné au bord par un serpent. Il devait être incroyablement ancien. Les écailles du reptile, abrasées par l'usage, étaient presque effacées. Il avait des yeux de pierre verte, luisant d'une trouble lueur qui les rendait désagréablement vivants.

Les bras nus de Tyhrannie dessinaient de curieux mouvements ondulants. Elle récitait une incantation, d'une voix étrangement sifflante. Cela produisait un murmure chuinté, analogue à celui qu'aurait pu produire la langue d'un serpent doué de la parole. Babine n'en comprenait pas un mot, et n'était pas très à l'aise.

La conjuration s'acheva, et Tyhrannie ordonna :
- Tiens le miroir. Place tes mains sur le serpent, et ne le lâche plus.

Quand Babine eut obéi, une agitation naquit dans la chatoyance d'argent. Des volutes rousses et grises se mêlèrent, s'enlacèrent, dansèrent, formant peu à peu un frénétique tourbillon. Ce mouvement giratoire aspira Babine, la suça et la désincarna. Elle flotta, sans poids, sans sensations, puis son esprit fut entraîné par une force irrésistible.

Elle vola au-dessus de vastes prairies, où serpentaient des routes menant à de grandes cités cernées de hautes murailles crénelées. Les rues en étaient rectilignes et s'alignaient autour de grandes ziggourats dont les étages étaient colorés.
- Le pays de Shem.

La Flûte de Verre Froid Babylo12

Le mot se grava dans son esprit.

La force qui poussait son esprit l'amena au cœur du pays traversé. Les prairies se clairsemèrent pour former des collines de plus en plus arides. Elle monta, franchit d'épaisses murailles ornées de représentations de lions et survola une ville veinée de canaux autour desquels une dense population vaquait à ses occupations. Les temples étaient, quant à eux, bâtis sur les hauteurs.
- La Cité-Etat d'Eruk.

La Flûte de Verre Froid Babylo11

De nouveau, les mots s'imprimèrent.

La force la reprit, et l'entraîna dans un voyage de retour qui la fit repasser sur les régions traversées à une folle vitesse, comme une plume soufflée par la tempête.

Un tourbillon vertigineux la recracha, et elle retrouva son corps, et les sensations de la vie. Le pays visité vivant dans sa mémoire. Elle le connaissait, dans sa totalité, et elle sut que ce savoir demeurerait en elle jusqu'à la fin de sa vie.
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MessageSujet: Re: La Flûte de Verre Froid   La Flûte de Verre Froid Icon_minitime1Lun 4 Juin - 0:50

Elle était toujours assise sur le divan, ses deux mains serrées sur le miroir. L'argent luisait, reflétant une lampe à huile.

Bathshebah sourit.
- Eh bien, Babine ? L'expérience t'a plu ?
- C'était intéressant, admit la guerrière.
- Aimerais-tu en faire une autre ? demanda Tyhrannie. Le miroir est activé, à présent, et il le restera encore un moment. Veux-tu voir ton passé ?
- pourquoi pas l'avenir ?
La sorcière rit.
- Le miroir ne découvre pas le futur. L'avenir est mouvant, non fixé, fait d'une multitude de chemins possibles, et la décision d'en choisir un entre tous n'appartient qu'à toi seule. Non. Je ne peux pas te montrer ton avenir.

Ceci était en accord avec la philosophie personnelle de Babine. Crom aide les hommes, parfois, mais les laisse libre de tracer eux-mêmes leur route. Le passé ? Elle y songea un moment, revivant des expériences enfouies dans sa mémoire. L'esclavage avec son lot de souffrances et de violences. Le sang, la sueur, la crasse et les larmes se mêlaient dans un maelström de souvenirs douloureux. Il y en eut des bons aussi. L'image d'une jeune femme dansant sur une musique envoûtante, vêtue juste d'un entrelacis de perles noires, dans un temple dédié à un dieu-araignée, s'imposa à elle. Un sentiment de tendresse infinie, mais gâché par un écœurement pour elle-même, de ce qu'elle avait fait pour écarter un rival. Babine les avait espionnés, la danseuse et son amant et les avait dénoncé au grand-prêtre du culte. L'homme fut éxécuté pour sacrilège envers une danseuse sacrée et celle-ci fut chassée manu militari de Yezud, sans espoir de retour. Babine avait alors proposé à Yaana la danseuse sa compagnie. La danseuse ne sut jamais la vérité concernant le rôle tenu par Babine dans son exil. La culpabilité rongeait Babine et la poussait parfois dans des accès de râge soudains, qui l'amenaient à se jeter dans un repaire de bandits et à y semer la mort, avec violence et sans la moindre pitié. Cet état était proche de celui que les Nordheimers appelaient berserk. Le passé ? Non. elle ne tenait pas à revoir son passé, et elle le dit nettement, en posant le miroir sur le divan.

- Quelle sagesse ! dit Tyhrannie. Inattendue chez une brute Cimmérienne telle que toi. Oui, les souvenirs peuvent être doux amers, mais je suis surprise que tu le saches déjà.
- Revenons à la flûte, dit Bathshebah. Tu la trouveras dans son écrin, posée sur un autel qui se trouve au sommet de la ziggourat. Sois prudente. Il se peut qu'il y ait un gardien.
- Vraiment ! dit aigrement Babine. La liste des réjouissances est close, ou tu vas en trouver encore quelques autres à m'annoncer ?
- Non, non, c'est tout.

La sorcière aux cheveux rouges avait parlé vivement, semblant craindre un nouveau marchandage.
- Encore heureux ! grogna Babine.
- Je vais t'avancer une dizaine de pièces d'or, ce qui devrait suffire largement à couvrir tes dépenses durant le voyage, et tu auras le reste quand tu nous remettras la flûte.
- Oh mais non, ma belle ! Les frais de route sont à votre charge, pas à la mienne. Je veux ces trois cent pièces pleines et entières quand je vous donnerai votre damnée flûte.
- La mort verte te pourrisse les tripes ! Tu nous as déjà bien suffisamment sucé le sang. Dix maintenant, et le reste à ton retour.
- Il n'y aura pas de retour, pour la bonne raison qu'il n'y aura pas de départ si vous ne financez pas mon voyage.
- Très bien, vautour ! Dix pièces pour la route.

Babine était fort satisfaite. Elle avait demandé plus par jeu, sans grand espoir de réussir.

Tyhrannie la regardait, une expression mauvaise dans les yeux.
- Maintenant, écoute-moi bien, vampire. Nous avons passé un marché. Ne t'avise pas de vouloir le rompre ! Je vais te montrer ce qui t'arrivera si tu changes d'avis en cours de route.

Elle murmura quelques mots sifflants.

Autour du cou de Babine, le collier se resserra brutalement.

Elle essaya de l'empoigner, mais il était déjà trop tard, et ses doigts ne purent passer sous le métal qui s'enfonçait dans sa chair. Elle suffoqua, le visage empourpré, sa bouche béante cherchant de l'air qui n'arrivait plus. Elle voyait les sorcières dans une brume rouge, et elle essaya d'aller vers elles, dans l'intention de les tuer, l'une après l'autre. Les brumes écarlates qui noyaient sa cervelle rendaient ses pas incertains. Elle vacilla, les yeux saillants, ses deux mains griffant inconsciemment son cou.

Aussi soudainement qu'elle était née, l'étreinte qui l'étranglait se relâcha. Elle haleta, aspirant avidement. Ses jambes tremblaient.
- Voilà, dit Tyhrannie. Nous te suivrons, Bathshebah et moi, dans le miroir de vision, aussi prends garde de ne pas nous tromper ! Et ne tente pas non plus de limer ce collier. Ishiti protègera son bien, et tu seras surprise du résultat. Mortellement surprise !

Babine frémissait toujours, mais de rage, à présent. Elle n'appréciait pas la contrainte. Elle regardait la femme, le corps aux formes pleines, le petit visage presqu'enfantin, et la mousse des cheveux clairs. Elle avança, sans aucune hâte, avec une sombre résolution.

Tyhrannie recula vivement.
- Du calme ! Babine, du calme ! intervint Bathshebah. Nous voulions seulement que tu nous comprennes bien. Pense plutôt à la belle récompense que tu auras.

Babine s'arrêta, sa colère refluant lentement. Belle récompense, en effet. Trois cent pièces d'or ! quel désir passionné elles avaient de cette flûte. Que pouvait bien être cet objet ?
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MessageSujet: Re: La Flûte de Verre Froid   La Flûte de Verre Froid Icon_minitime1Lun 2 Juil - 5:30



Chapitre II : l'île du dieu oublié

Babine, accoudée à la lisse de "l'Orphie", regardait vers le large. Derrière elle, la côte d'Argos s'éloignait, fondant peu à peu sa grisaille dans une ligne bleue. Le claquement des voiles, le grincement des espars, le balancement du bateau et le souffle salé du vent la rendaient heureuse, d'un bonheur simple et primitif. Elle rêvassait, sans pensées conscientes.

Elle était éblouissante. Vêtue de neuf des pieds à la tête, elle avait choisi de porter en ce premier jour de traversée une robe longue, très ample, serrée à la taille et ouverte sur le devant par un décolleté qui ne cachait presque rien de ses seins ronds volumineux. La luisance de ses cheveux blonds disait qu'ils avaient été lavés depuis peu.

Elle avait remarqué combien sa tenue attirait le regard des marins qui peinaient sur leurs rames et elle s'en jouait tout en faisant mine de ne pas leur accorder la moindre importance. Elle aimait provoquer par ses tenues et quand l'occasion lui en était offerte, elle ne s'en privait pas.

Sur le pont les marins s'affairaient, et le capitaine, un grand homme brun d'une cinquantaine d'années donnait ses ordres d'une voix puissante et nette habituée au commandement.

L'Orphie, navire marchand de petit tonnage, ne transportait que rarement des passagers, et Babine avait payé assez cher son voyage. Mais c'était le premier bateau en partance pour la côte de Shem, et elle avait préféré ne pas différer son départ. Elle n'aimait guère attendre.

Babine s'ennuyait. Le voyage se poursuivait dans un immuable beau temps, et une monotonie bleue lassante.

Elle avait prié Orosso, le capitaine, de la laisser participer aux manœuvres, et s'était heurtée à un refus très poli, mais ferme. Pour tuer le temps, elle s'occupait un peu à pêcher, laissant filer une ligne par dessus le plat bord. Mais prendre du poisson tout le jour devenait également monotone. Elle ne savait que faire d'elle-même, et espérait vivement la fin de la croisière.

Orosso se montrait civil, mais distant, et fort peu enclin au bavardage. Il n'échangeait avec sa passagère que quelques mots occasionnels. Les marins la tenaient à l'écart, tant ils étaient impressionnés par cette belle jeune femme, si étrangère dans ses manières et son assurance, que les filles auxquels ils étaient habitués. Cette gêne agaçait Babine, qui regrettait l'atmosphère de camaraderie unissant les hommes de la Légion.

Babine fut réveillée par une sensation de danger imprécise, et s'assit brusquement.

La lanterne pendue au plafond décrivit une courbe furieuse. La cabine bascula, et bascula encore. Les paquets de mer s'écrasant sur la coque se fracassèrent, mêlant leur bruit au mugissement d'un vent de démence. De l'eau sourdait sous la porte, inversant sa course sur le plancher à chaque balancement du navire.

Quelques temps plus tôt, le capitaine avait refusé, avec son habituelle politesse froide, l'aide que Babine lui proposait en cas d'urgence, et fermement invité sa passagère à regagner sa cabine. Babine était partie, exaspérée, grommelant des injures entre ses dents. La peste sur ces hommes du Sud, et leur esprit borné !

La tempête avait explosé avec le soir. Sa violence surprit Babine : difficile de croire que cette innocence bleue ait pu se transformer aussi vite en furie déchaînée.

Babine enfila un pantalon de cuir, ses bottes, et passa une chemise par-dessus laquelle elle passa une veste de cuir également qu'elle ferma de son ceinturon. La cabine dansait comme un marin saoul, qu'elle accompagnait d'instinct d'un balancement de ses hanches souples.

Elle releva son col. La diffuse sensation de danger était toujours présente, et elle ne provenait pas uniquement de la fureur des éléments.

Elle fut accueillie sur le pont par une gifle d'eau sauvage et un vent furieux, et les événements se précipitèrent.

Elle eut à peine le temps de voir les marins se démener, le maître d'équipage à leur tête. Orosso accroché à la barre qui semblait tenter de dompter un cheval sauvage, la mer frénétique, et la ligne mortelle d'eau blanche et bouillonnante sur laquelle courait le navire. Il hurla, en même temps que tous les hommes à bord :
- Les brisants !

Orosso clama des ordres d'une voix démente en tournant la barre. Trop tard, beaucoup trop tard.

Une secousse ébranla Babine, la projetant de côté. Elle se redressa pour recevoir un paquet de mer sur le dos. Elle se raccrocha instinctivement à quelque chose, puis tout devint furie, fracas, chocs terrifiants, maelström, tandis que la mer démantelait le navire.
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